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N°2 : : Pour Noë l, l’asbl CJL coupe l’électricité aux occupants de la ChauveSouris
samedi 27 décembre 2008
"Pour Noë l, l’asbl CJL coupe l’électricité aux occupants de la ChauveSouris"
Communiqué envoyé à la presse liégeoise, au bourgmestre et ailleurs...
Depuis début octobre, des gens et des collectifs occupent un bâtiment situé 62 rue Chauve-souris, dans le quartier du Laveu. Cet immeuble occupé appartient à l’asbl CJL, active dans l’aide aux personnes handicapées, dont les bureaux se trouvent Quai de Rome. Le bâtiment est un ancien centre de jour désaffecté depuis 2005. Depuis cette date, un permis de rénovation est affiché sur la façade, sans qu’aucune sorte de travaux n’ait jamais commencé. Cet édifice s’abîmait petit-à-petit, c’était devenu un lieu sombre et glauque, dont le parking servait de lieu de rencontre nocturne et la pelouse de wc pour chiens.
Depuis deux mois et demi, nous avons investi ce lieu, nous y habitons et nous y développons des activités, nous l’entretenons et le rendons vivant. Nous avons organisé des soirées festives, des rencontres politiques, des discussions et projections, une pièce de théâtre, des ateliers de danse contact, des repas collectifs, des enfants petits et grands ont fêté Halloween ou ont appris à grimper dans les arbres... Nous avons organisé de nombreuses activités et nous nous sommes organisés.
Nous développons des formes de vie en commun qui ne soient pas soumises aux règles du monde capitaliste, où l’argent ne soit pas la condition de tout et où la rentabilité économique ne prenne pas le dessus sur l’émotionnel et le collectif. Nous échangeons des savoirs et en développons de nouveaux, nous apprenons et partageons. Nous avons partagé cet espace avec des gens qui en avaient besoin, pour une nuit ou pour plusieurs. Nous avons fait de la ChauveSouris un lieu ouvert et vivant, un lieu de rencontre où l’on puisse s’organiser et s’émanciper des normes d’un monde capitaliste qui chaque jour s’effondre un peu plus. Depuis notre ouverture, quelques centaines de personnes, principalement de Liège mais aussi d’ailleurs, sont passées ici, démontrant le besoin d’un espace tel que la ChauveSouris à Liège.
De nombreux habitants du quartier sont déjà passés à la ChauveSouris. Certains nous ont amené des rideaux, des fauteuils, du matériel, d’autres sont venus pour des fêtes. Des personnes âgées nous ont dit qu’elles se sentaient plus en sécurité le soir depuis que nous habitons là. Des enfants du quartier passent de temps en temps nous rendre visite. Tous nous ont témoigné leur soutien et parfois leur affection.
Malgré plusieurs lettres et visites, nous n’avons jamais pu rencontrer la direction du CJL, qui veut nous expulser. Si nous comprenons la première réaction d’énervement de la directrice du CJL, nous espérions que cette colère diminuerait avec le temps et que nous pourrions trouver un accord qui satisfasse les deux parties. En effet, au-delà des potentielles taxes d’inoccupation, nous pensons qu’il est avantageux pour l’image du CJL de nous laisser faire vivre et entretenir ce bâtiment qui se dégrade lentement. Nous sommes prêts à prendre en charge l’entretien nécessaire de ce bâtiment. Nous sommes disposés à payer les charges que nous consommons. Nous avons versé de l’argent sur le compte de l’asbl pour cela, argent qui nous a été renvoyé. L’avocat du CJL, qui s’est présenté à notre demande de conciliation devant la justice de paix, a confirmé le refus de toute forme de dialogue.
Pour preuve : l’électricité nous a été coupée le 22 décembre, soit... deux jours avant Noël, bon cadeau. La chaudière étant tombée en panne, nécessite du courant pour être réparée. Donc nous sommes actuellement sans lumière ni chauffage. Néanmoins, nous continuons et nous continuerons à défendre notre lieu de vie et les dynamiques qui s’y sont créées.
Nous pensons aussi que la situation que nous traversons appelle à un débat public sur les immeubles vides dans notre ville. Alors que de nombreuses personnes vivent dehors en plein hiver, alors que le nombre de travailleurs pauvres augmente, en partie à cause du prix des loyers, les bâtiments inoccupés et habitables sont légion. Et pourtant le droit de propriété réduit à néant le droit au logement. Les propriétaires de bâtiments vides et désaffectés ne doivent rendre aucun compte, à personne, et peuvent évidemment prendre des mesures répressives contre ceux qui s’organisent pour vivre. Comment peut-on respecter le droit à être propriétaires de bâtiments alors que des gens vivent, et parfois meurent, dehors ? Quel est le sens d’un système qui protège l’argent avant la vie des gens ? Pourquoi les pouvoirs publics, si prompts à voler au secours des banques, se satisfont-ils de cet état de fait ? Pourquoi nous satisfaisons-nous de cet état de fait ?
Contact :
la-chauve-souris@collectifs.net
0474/03.15.03.